La magie du spectacle entre illusion et désillusion. Sommes-nous acteurs ou spectateurs?

La magie du spectacle entre illusion et désillusion. Sommes-nous acteurs ou spectateurs? 

Un jeu de carte n'est pas grand chose sans le spectacle dans lequel il est utilisé.

En tant que magicien, j’ai toujours été étonné par la manière dont le public apprécie de se laisser embarquer par l’artiste dans la magie du spectacle. La manière dont les spectateurs se laissent emporter au gré des mots pour voyager dans les histoires qu’on leurs raconte. 

J’ai effectué le plus grand nombre de mes spectacles en tant que prestidigitateur durant mes années de collégien et lycéen.

C’est aussi à cette période que j’ai eu la chance de tomber sur un livre de Gérard Majax, intitulé « Gare aux gourous : les trucs des sectes ». Il y décrivait les trucages et illusions utilisées par les gourous pour berner leurs adeptes.

Cie Prend soin de toi
24-04-2024

Un artiste au passé de magicien prestidigitateur.

Si j’ai fait ma plus grande quantité de spectacles en tant que prestidigitateur avant mes 18 ans, c’est simplement parce qu’après, je me suis rendu compte que la prestidigitation faisait rêver un instant. Mais que dès l’instant passé, le public se sentait berné, et il cherchait tellement à savoir comment j’avais fait, qu’il en perdait la joie passagère vécue lors de l’illusion. La désillusion venait casser une bonne partie des efforts que j’avais rassemblés pour faire passer un bon moment aux spectateurs.

En me rendant compte de cela, durant mes années d’études à la Faculté de sociologie, j’ai fini par laisser tomber la prestidigitation, pour me tourner davantage vers les histoires, les contes et les mythes. En devenant peu à peu conteur d’histoire, je faisais voyager de plus en plus de personnes. Bien sur je leurs racontais des histoires et ils n’étaient pas dupe… Mais leurs yeux s’illuminaient pourtant de manière bien concrète. Et à la fin du spectacle, personnes ne venait me demander comment je les avais arnaqués en leur faisant croire n’importe quoi.

Un sociologue contemplateur du spectacle de la vie.

En tant qu’étudiant (graine de chercheur) dans une faculté orientée vers la sociologie de l’art et de l’imaginaire, j’ai alors découvert qu’il n’y avait pas que dans les spectacles qu’on nous racontait des histoires. Les grands médias sont de très bons metteurs en scène. Ils offrent souvent en spectacles des récits structuré sur le même schéma de base que les contes pour enfants. Le JT commence avec une situation initiale plutôt normale, puis nous apporte son lot de catastrophes à situation problématiques, avec leur lot de problèmes à résoudre, pour terminer avec le sport et la culture dans un parfait retour au calme, histoire de s’endormir sereinement sur nos deux oreilles. 

Quand on rêve de voyager, on peut regarder « voyage en terre inconnue » pour vivre l’illusion du parfait spectateur qui prend l’histoire qu’il entend pour une réalité personnelle. Et quand vient la vague de désillusion, à la fin du spectacle quand on se rappelle qu’on n’a pas été capable de quitter notre canapé, alors il nous reste la possibilité de zapper sur des chaînes de téléréalité pour se rassurer en s’apercevant qu’il y a pire que nous, et qu’on n’a donc pas à s’en faire, on peut aller se coucher sereinement sans rien changer. A moins de regarder un bon filme à l’eau de rose, où le héro réussi à changer sa vie.

Spectateur actif ou passif ?

Plus tard quand Je suis devenu professionnel du spectacle (au sens salarié professionnel, et avec toutes les exigences que cela implique), j’ai tenté peu à peu de mettre des mots sur ce que j’avais appris sur le tas, au cours de mes nombreuses expériences de la scène au contact du public, depuis mon plus jeune âge. Le peu de formations que j’ai pu effectuer pour rationaliser la compréhension du rapport entre le public et les artistes, m’ont permis de confirmer que parfois les plus grands artistes se trouvent chez les hommes politiques. Ils maîtrisent tous les codes de la mise en scène à merveille. Dommages que parmi eux, ça ne soit pas toujours les plus forts qui aient également les meilleures idées créatrices pour un monde meilleur…

Ils sont surtout très forts pour nous servir les histoires que l’on a envie d’entendre. Car l’artiste crée ses histoires selon ses envies, mais ne peut pas se passer de celles de son public… Mais je ne suis pas là pour débattre de la qualité des idées de ces hommes et femmes politiques. Je ne leurs arrive même pas à la cheville, alors je serais bien mal avisé de les critiquer. Ce qui est certain, c’est qu’en terme d’histoires à nous raconter, ce sont les champions, et nous sommes un public très friand de ces illusions qu’ils nous font miroiter. A la moitié du spectacle, en cours de mandat, après la désillusion, ils sont encore capables de nous faire croire qu’ils vont redresser la barre. Et une fois de plus, en tant que spectateur de nos vies, nous devons choisir entre :

Spectateur actif ?

Devenir spectateur actif dans le spectacle universel pour prendre notre vie en main, et créer notre propre histoire, celle qui nous fait vibrer à la vue d’un imaginaire meilleur au point de le rendre peu à peu réel, ou tout au moins de tendre à s’en rapprocher, comme le fait l’acteur qui tente de jouer son rôle du mieux qu’il peut pour le bien commun de la pièce de théâtre et pour le plaisir partagé des comédiens et des spectateurs.

Spectateur passif ?

Ou bien devenir spectateur passif et observer de manière plutôt endormie ce qui nous arrive par les yeux et les oreilles, avec la molle certitude que rien ne changera rien à nos vies, et qu’il ne nous reste qu’à profiter de ce qu’il nous en reste, car on n’a beau rêver de la lune, on n’est pas près de la décrocher.

Du rêve à la réalité.

Et pourtant, si nous avons réussi à l’atteindre, c’est justement parce que des artistes se sont permis l’audace d’y rêver, et de faire croire que l’on pouvait s’y rendre… dans la fiction, tout au moins, pour commencer. Jules Verne, dans son roman « De la Terre à la Lune », publié en 1865 a grandement participé à offrir ce rêve en spectacle aux lecteurs. Puis ce fut au tour de Georges Méliès de rendre ce rêve illusoire un peu plus accessible au grand public, en 1902 dans son film1) « Le voyage dans la lune ».

Ce grand prestidigitateur a mis à profit ses talents d’illusionniste pour rendre un grand service au cinéma, en utilisant de nombreux trucages pour poser les bases du film de science-fiction à effets spéciaux. Mais de la science-fiction à la réalité, ainsi que de l’histoire racontée à l’histoire vécue, il a bien fallu attendre 1969 pour admirer le spectacle du premier homme marchant réellement sur la lune.

A présent dans quel spectacle médiatique jouons nous?

A présent, je me rends compte que l’on peut observer le spectacle de nos vies à travers plusieurs yeux oscillants entre illusion et désillusions. L’histoire peut être racontée par un médias, par un artiste, ou par une personnalité politique. Quelle qu'en soit le narrateur, une pièce de théâtre peut raisonner avec notre propre histoire et réveiller en nous des émotions bien enfouies sous nos peurs de l’avenir. Un film spectaculaire peut nous donner envie de déplacer les montagnes. Le discours politique d’un avenir mis en scène dans une perspective brillante de mille feux, peut nous laisser croire aux miracles. Le tableau d’une actualité négative et orchestrée par un journal télévisé peut aussi nous faire perdre cet élan. Un voisin peut nous redonner espoir lorsqu’il nous raconte simplement son parcours de personne en devenir alors qu’il nous regarde simplement droit dans les yeux d’humain à humain.

Parfois, mes oreilles sont fatiguées d’écouter des histoires et mes yeux n’en peuvent plus de voir les illusions dans les quelles nous nous trouvons. A présent j’observe la pièce de théâtre qui se joue face au Covid19. Les acteurs mis en scène s’affrontent et le spectateur ne sait plus à qui confier son attention : la médecine, la science, les médias, ou la politique. La science, obnubilée par le besoin de résultats, semble faire de la magie en trafiquant les cartes. Les mathématiques finiraient par créer des résultats illusoires qui ont au moins le mérite d’aller dans le sens de ceux qui financeraient les études.

Le public du grand spectacle médiatique

A l’époque du grand spectacle médiatique offert par l’évènement de Tchernobyl, je n’étais qu’un enfant qui avait la chance de vivre en France dans une ferme ardéchoise. La chance non pas que le nuage se soit mystérieusement arrêté à la frontière Française, mais parce que la ferme en question accueillait des stagiaires allemands. Ces derniers ont pu traduire les informations données sur les chaines allemandes. Avec le recul, je me rends compte que Gérard Majax aurait peut-être eu mieux fait d’écrire un livre sur les trucs est astuces des grands médias officiels pour détourner l’attention du public, et transformer la réalité des faits.

Mais il ne l’a pas fait, et à présent, la frontière entre le nuage du COVID19 et celui de l’Hydroxy chloroquine est une frontière bien trop floue pour le spectateur. On ne sais plus où l’on doit regarder pour éviter de se faire endormir. Il est risqué d’espérer sortir des illusions sans risquer la désillusion. Je ne dis pas que le covid soit une illusion, car comme dans chaque histoire il y a toujours une vérité dans le fond. La question n’est pas tant de savoir discerner la vérité des illusions, mais plutôt de savoir où se trouve la vérité de la manière dont nous souhaitons vivre. De savoir quel est l’exemple que nous souhaitons donner et porter comme avenir commun pour notre humanité sur terre.

Je ne crois pas avoir vécu assez longtemps pour donner un très bon exemple. Par contre, je partage volontiers ce lien vers une vidéo de Didier Raoult qui s’improvise prestidigitateur pour rappeler, par un petit tour de cartes, à quel point le trucage n’est pas la panacée exclusive des magiciens. Il montre à quel point le public peut être influencé par le prestidigitateur. Cela me rappelle à quel point nous pouvons passer d’une réalité à une autre en fonction de qui nous avons en face de nous.

Et certains me diront que rien qu’en partageant cette vidéo je suis forcément un adepte de Didier Raoult… Et je répondrais que je préfère être libre d’observer les choses par moi-même selon ma propre expérience de vie, et que je préfère être libre de partager ce qui me semble important, plutôt que de raconter à la machine à café ce que tout le monde a déjà vu la veille au soir sur son écran de télévision.

Quand il s’agit de regarder le spectacle de la vie, chacun est seul maître de ce qu’il veut observer. En fonction du regard que l’on pose sur les choses en tant que simple spectateur passif, ou en tant qu’acteur, nous choisissons de laisser faire le temps dans l’espoir que nos vies s’améliorent, ou bien nous choisissons d’ajouter personnellement de la magie aux rêves de nos vies pour mieux les concrétiser et pour mieux servir la vie. J’ai partagé ce texte dans ce but, et espère qu’il n’influencera personne contre son gré, et qu’il servira à tous ceux qui souhaitent confronter leur regard à celui des autres pour faire avancer les choses dans le sens de la vie.

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